saint temps de la Passion.
La liturgie nous fait entrer aujourd’hui dans la dernière période du temps du Carême. C’est le temps de la Passion par lequel nous nous préparons à commémorer et à revivre la Passion du Seigneur lors des trois jours saints.
La première lecture nous y introduit de plein-pied. Encore faut-il la comprendre, ce qui n’est pas évident. On y parle du Christ grand prêtre qui entre par une tente dans le sanctuaire avec son Sang. L’auteur renvoie à un rite de l’Ancien Testament : le grand prêtre entrait une fois l’an dans le sanctuaire du Temple avec du sang d’animaux pour purifier les péchés du peuple. Mais ce rite ne pouvait pas vraiment purifier les péchés : comment le sang d’animaux aurait-il pu effacer les péchés des hommes ? Il annonçait la purification des péchés opérée par Jésus versant son sang sur la croix.
Dans ce sanctuaire où entrait le grand prêtre se trouvait l’arche contenant les tables de la Loi et un reste de la manne qui avait nourri le peuple au désert. C’était le lieu de la présence de Yahvé. L’architecture de nos églises a hérité de cette disposition : ce qu’on appelle le sanctuaire est cette partie où se trouve l’autel sur lequel le Christ, le Fils de Dieu, se rend présent sous les apparences du pain et du vin que figurait la manne. Dans quel sanctuaire Jésus est-il entré avec son sang ? Ce sanctuaire où Dieu est présent, c’est le ciel, dans lequel le Christ est entré par sa Passion : « Ce n'est pas, en effet, dans un sanctuaire fait de main d'homme, simple copie du véritable, que le Christ est entré, mais dans le ciel même, afin de paraître maintenant pour nous devant la face de Dieu » (9,24).
Déjà nous comprenons mieux ce que veut dire l’auteur de la lettre aux Hébreux :
Jésus, le nouveau grand prêtre est entré au ciel en ayant purifié les péchés des hommes par son sang. Mais il reste un élément à éclaircir. Il dit que le Christ Jésus est entré dans le sanctuaire par une tente.
Pour comprendre, il faut se rappeler que les hébreux avaient au désert, en guise de temple, une tente, qui donnait accès au sanctuaire où se trouvait l’arche. A travers quelle tente le Christ est-il allé au ciel par sa Passion ? Voici ce que l’auteur nous en dit : il s’agit d’une « tente plus grande et plus parfaite non faite de main d'homme, c'est-à-dire qui n'est pas de cette création » (9,11).
Serait-ce le ciel dans lequel les Apôtres ont vu partir le Seigneur lors de son Ascension ? Mais ce ciel qu’ils voyaient appartient à la création. Il y a une autre solution, déjà suggérée par les Pères de l’Eglise : le Christ est monté au ciel par son corps, non pas le corps né de Marie, qui appartient comme le nôtre à cette création, mais son corps glorifié qui n’est pas de cette création car il appartient à la nouvelle création. Que la tente par laquelle le Christ est entré dans le sanctuaire, puisse désigner son corps, Jésus l’insinue lorsqu’il dit : « Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai », faisant allusion à sa mort et à sa résurrection. Et il avait dit aussi un jour, parlant de lui-même : « Il y a ici plus que le Temple ». Car, comme le dira saint Paul : « En lui habite la plénitude la divinité », et pas seulement la manne et les tables de la Loi.
Seul ce corps-là, appartenant au monde à venir, pouvait entrer en présence de Dieu. Cette tente-là, celle de son corps, est plus parfaite que celle des hébreux au désert. Et elle est aussi plus grande, car elle s’élargit aux dimensions de toute l’Eglise, non à celle d’un groupe de nomades.
Jésus n’est pas seulement entré au ciel, il en a ouvert la porte, afin que : « ceux qui sont appelés reçoivent l'héritage éternel promis » (9,15). « Approchons-nous avec un coeur sincère (…) purifié des souillures d'une mauvaise conscience » (10,22).